La moralité de l’achat en viager est un des arguments favoris des réfractaires à ce type d’investissement immobilier. Selon eux, le viager est un pari contre la mort d’une personne. Ce postulat est-t-il de nature à écarter définitivement le viager comme solution d’investissement ?
Une mort certaine
Le premier élément de réponse est un véritable truisme. En effet, que vous achetiez ou pas en viager, le vendeur n’échappe pas à la mort. La mort du vendeur n’est pas liée à son bien immobilier mais simplement une loi naturelle. On meurt tous un jour. Le vendeur comme l’acheteur.
Un pari contre la mort
Le second point à relever est qu’il faut être deux pour parier. En effet, le viager est un pari entre un vendeur et un acheteur. Autant, on peut dire que l’acheteur parie sur la mort du vendeur, autant ce dernier parie sur sa longévité. Pour le vendeur, le viager est un vrai pari pour la vie.
Ainsi, le viager est basé sur un équilibre des risques pour les 2 parties.
Seul le viager serait immoral
Si on se pose la question de la moralité du viager, c’est que le lien entre l’investissement immobilier et la mort du vendeur est direct dans le viager. En effet, la mort et l’argent sont intrinsèquement et indissociablement associés dans le viager.
Tandis que pour les autres placements, le caractère moral est indirect.
Par exemple, dans un investissement boursier, l’achat de sicav peut entrainer le décès de plusieurs personnes suite à des pollutions générées par les entreprises cotées en Bourse. Dans ce cas là, les décès causés ne sont pas des morts naturelles. Ce sont des morts provoqués par l’activité d’une entreprise qui vend des actions sur le marché boursier. L’investisseur boursier n’a pas directement conscience de l’impact moral du placement de son argent.
Autre exemple que celui de l’investissement locatif. Lorsque l’on veut investir dans un bien immobilier pour le louer, on recourt à un prêt auprès d’une banque. Les intérêts de ces emprunts permettent à la banque de prêter de l’argent à d’autres. Au final, les banques financent des entreprises d’industries polluantes ou dangereuses pour l’humanité comme l’armement ou le nucléaire.
Le viager est une chance
Il faudrait rappeler que le viager est décidé par le vendeur. C’est lui qui choisit de mettre son bien immobilier en viager. Ce n’est pas l’acheteur qui exige du vendeur qu’il vende en viager.
En effet, le viager est une chance pour le vendeur d’améliorer son pouvoir d’achat, sa santé et de rester dans un logement qu’il aime.
Ce qu’il faut retenir
Pour conclure, il semblerait que l’immoralité de l’achat d’un viager n’est pas inhérente qu’à ce type d’investissement. De plus, il faut tenir compte des 2 parties contractantes pour évaluer l’éthique du viager.
Pour ma part, je ne conçois pas d’investir dans un viager en calculant une mort prématurée du vendeur. Un viager est un investissement sur le long terme. Je le répète, « sur le long terme ». N’achetez pas un viager si vous espérez une plus-value sur le court terme.
Quel est votre avis sur la moralité de l’achat viager ?
Le seul viager qui me parait difficile (impossible en ce qui me concerne), c’est un viager entre parent et enfant.
Non pas que cela soit immoral, mais c’est un peu malsain, selon moi. Qu’en pensez vous ?
Bonjour Pascal,
La question de savoir si « un viager entre enfant et parent est malsain ? » est intéressante.
Pour y répondre, je me demande, tout simplement, si l’héritage est réellement sain ?
Quand on voit certains enfants se battre pour le partage de l’héritage, je me dis parfois que c’est pas plus mal que cela soit fait de son vivant, les yeux dans les yeux. Mais, l’héritage, puisqu’il touche au domaine de l’argent, est tabou en France.
Acheter en viager à ses parents ne me semble pas malsain si ils peuvent rester dans leur habitation le plus longtemps possible et en améliorant leur vie à cause d’une retraite trop juste.
L’achat en viager à ses parents anticipe l’héritage à mon sens. Est-ce qu’il faut réellement attendre le décès pour hériter et ne pas pouvoir améliorer leur vie pour cela ?
Mais la question reste posée en fonction de la situation familiale de chacun…
Le viager est moral à la condition que le risque de gain ou de perte pour les deux parties soit parfaitement aléatoire, je dirais ici un « aléa réciproque » ce qui correspond aux intentions du législateur, au moment de la rédaction du code civil en 1804.
Dans le domaine du viager, la législation se résumant à quelques articles du code civil, la réglementation à quelques arrêts de la cour de cassation et la morale n’étant pas la même pour tous, je parlerai plutôt d’éthique qui est pour moi : « ma propre exigence de la morale ».
Le contrat de viager n’est pas plus immoral que notre système de retraite par répartition.
Dans ce dernier, lors d’un départ à la retraite après 40 années de cotisations et d’un décès rapide, la Caisse de retraite cesse séance tenante ses versements.
Sauf à pratiquer une réversion conditionnée par les revenus du conjoint et autres paramètres qui peuvent réduire substantiellement la rente.
Personne ne trouve cela abusif ni immoral. Les héritiers n’ont aucun accès aux fruits du travail d’une vie du parent disparu. C’est convenu ainsi et tout le monde l’accepte.
C’est un système élaboré ainsi et accepté comme tel.
Bonjour,
En réalité, il me semble que le système de retraite par répartition est légèrement différent car on ne cotise pas pour sa propre retraite mais pour la retraite de ses aïeux.
Le viager possède un double avantage : il permet de capitaliser pour sa propre retraite et d’améliorer la retraite de ses aïeux. Un cercle vertueux et solidaire.
A bientôt,
Fabrice
L’intérêt de la comparaison entre le viager et le système de retraite par répartition visait seulement à pointer l’aspect de la moralité ou de l’immoralité présumée du viager.
Et je disais donc que la retraite par répartition a également quelque chose de contestable du point de vue de la moralité, lorsque le décès intervient très tôt. Que l’on estime cotiser pour soi-même ou ses aïeux.
Le décès précoce d’un cotisant est toujours au net avantage d’une caisse de retraite.
Cordialement
Marc
Oui, j’avais bien compris le sens de votre propos. Je voulais juste apporter cette précision sur le sens de la cotisation de la retraite.
Fabrice